Lire les étiquettes des médicaments : Comprendre les doses et les instructions

Lire les étiquettes des médicaments : Comprendre les doses et les instructions

Les étiquettes des médicaments ne sont pas des papiers à jeter

Vous avez pris un médicament des centaines de fois. Pourtant, chaque fois que vous le sortez de son emballage, vous le lisez comme si c’était la première fois. Pourquoi ? Parce que les erreurs de dosage tuent. Chaque année, en France comme aux États-Unis, des milliers de personnes sont hospitalisées parce qu’elles ont pris trop, trop peu, ou le mauvais médicament - souvent parce qu’elles n’ont pas compris ce qui était écrit sur l’étiquette. Ce n’est pas de la négligence. C’est de la confusion. Et c’est évitable.

Que contient vraiment une étiquette de médicament ?

Que ce soit un médicament en vente libre ou sur ordonnance, l’étiquette contient des informations essentielles, organisées de façon précise. Pour les médicaments sans ordonnance, la loi exige un format appelé « Fiches Médicaments » (Drug Facts), avec sept sections obligatoires. Pour les médicaments sur ordonnance, c’est un document plus technique, mais les éléments clés sont les mêmes : nom du médicament, dose, fréquence, avertissements, date de péremption.

Regardez la première ligne : le nom du médicament. Ce n’est pas toujours le nom de marque. Il y a souvent deux noms : le nom commercial (ex. : Doliprane) et le nom générique (ex. : paracétamol). Le nom générique est le vrai composant actif. Si vous prenez deux médicaments différents, mais avec le même nom générique, vous risquez une surdose. C’est ce qui arrive souvent avec les médicaments contre la fièvre ou les douleurs : on prend du Doliprane, puis un sirop contre la toux qui contient aussi du paracétamol. Résultat : 4 g de paracétamol en une journée - la limite maximale. Et ça, c’est dangereux pour le foie.

Les doses : ce que les étiquettes ne disent pas toujours

« Prendre 2 comprimés toutes les 6 heures » - ça semble clair. Mais attention : « 2 comprimés » de combien ? Un comprimé peut contenir 500 mg, un autre 650 mg. La dose totale change. C’est pour ça que la concentration doit être précisée. Pour les sirops, c’est encore plus délicat. Une étiquette peut dire : « 350 mg par 5 mL ». Cela signifie que chaque millilitre contient 70 mg. Si votre enfant doit prendre 700 mg, vous devez lui donner 10 mL, pas 10 cuillères. Et là, le problème commence : les cuillères de cuisine ne sont pas fiables. Une cuillère à café peut contenir entre 2,5 et 7,3 mL. C’est une erreur de 200 % !

Les pharmaciens recommandent toujours d’utiliser une seringue orale ou un verre doseur fourni avec le médicament. Même si vous avez l’impression que c’est compliqué, c’est la seule façon d’être sûr. Pour les enfants, la dose est souvent calculée en fonction du poids. Si vous ne connaissez pas le poids de votre enfant en kilos, demandez-le à votre pharmacien. Ne devinez pas.

Un pharmacien explique les doses à une mère et son enfant, avec des diagrammes flottants et un code QR lumineux.

Les avertissements : la section la plus ignorée

Les gens lisent les instructions. Ils lisent la dose. Mais les avertissements ? Ils les sautent. Pourtant, c’est là que se trouve l’information qui peut vous sauver la vie. Par exemple : « Ne pas prendre avec de l’alcool », « Peut causer une somnolence », « À éviter en cas d’insuffisance rénale ». Ces lignes ne sont pas là pour vous embêter. Elles sont là parce que quelqu’un est mort, ou a été hospitalisé, à cause d’un oubli.

Un patient sur trois ne lit pas les avertissements, selon une étude d’Express Scripts. Et pourtant, 47 % des erreurs médicamenteuses viennent de là. Si vous avez une maladie chronique - hypertension, diabète, problèmes rénaux - l’avis « À utiliser avec prudence chez les patients ayant une insuffisance hépatique » est une alerte rouge. Ne l’ignorez pas. Parlez-en à votre médecin ou à votre pharmacien. Même si vous avez déjà pris ce médicament avant, les choses changent. Votre corps change. Vos autres médicaments changent.

La date de péremption : ce que vous ne savez pas

Vous avez un médicament dans votre armoire depuis 2022. Il est encore dans son emballage. Il n’a pas l’air abîmé. Alors vous le prenez. Ce n’est pas une bonne idée. Les dates de péremption ne sont pas des suggestions. Ce sont des limites de sécurité. Après cette date, le médicament peut perdre de son efficacité - ou se dégrader en substances toxiques. Pour les médicaments en vente libre, la date est généralement de 2 à 3 ans après la fabrication. Pour les ordonnances, la date est fixée par la pharmacie : souvent un an après la délivrance, même si la bouteille porte une date plus lointaine.

Les antibiotiques sont particulièrement sensibles. Prendre un antibiotique périmé, c’est comme ne pas le prendre du tout. Et ça peut favoriser la résistance aux antibiotiques. Si vous avez un médicament périmé, ne le jetez pas dans les toilettes ou la poubelle. Apportez-le à votre pharmacie. Elles ont des points de collecte pour les déchets pharmaceutiques.

Les erreurs les plus courantes - et comment les éviter

  • Confondre deux médicaments avec le même ingrédient actif. Vérifiez toujours le nom générique. Si deux médicaments contiennent du paracétamol, ne les prenez pas ensemble.
  • Utiliser une cuillère de cuisine. Utilisez toujours le doseur fourni. Même si vous pensez savoir ce qu’est une cuillère à café.
  • Ne pas lire les avertissements. C’est la cause numéro un des hospitalisations évitables.
  • Prendre un médicament périmé. Si la date est passée, jetez-le. Point.
  • Ne pas vérifier le nom du patient. Sur les ordonnances, vérifiez toujours que votre nom est bien écrit. Une erreur d’orthographe peut vous donner le médicament de quelqu’un d’autre.
Un homme dépose un médicament périmé dans un bac de retour, tandis que des symboles de sécurité flottent dans la nuit.

Les nouvelles technologies pour mieux comprendre

La bonne nouvelle ? Les choses changent. Depuis 2021, certains médicaments sur ordonnance portent des codes QR. En les scannant avec votre téléphone, vous accédez à une vidéo explicative, un calculateur de dose, ou un guide interactif. Une étude a montré que cela réduit les erreurs de 37 %. En 2024, cette pratique deviendra standard. D’ici 2027, les médicaments devraient aussi avoir des couleurs et des symboles normalisés pour les médicaments à haut risque : les anticoagulants, l’insuline, les opioïdes. Une couleur rouge pour « danger », un symbole de crâne pour « risque de dépendance ». Ce n’est pas de la mode. C’est de la sécurité.

La règle des cinq droits

Les infirmières suivent une règle simple pour éviter les erreurs : les cinq droits. Vous pouvez l’appliquer aussi.

  1. Le bon patient. Votre nom est-il bien écrit sur l’étiquette ?
  2. Le bon médicament. Est-ce bien le nom générique que votre médecin a prescrit ?
  3. La bonne dose. Combien de mg ? Combien de mL ? Est-ce que ça correspond à ce qu’on vous a dit ?
  4. Le bon moment. À prendre avant ou après les repas ? Une fois par jour ou toutes les 8 heures ?
  5. La bonne voie. Par voie orale ? Par injection ? Par voie cutanée ? Ne confondez pas les modes d’administration.

Si vous répondez oui à ces cinq questions, vous êtes en sécurité. Si vous doutez d’une seule réponse, arrêtez-vous. Appelez votre pharmacien. Ne prenez pas le médicament.

Quand vous ne comprenez pas, posez la question

Vous n’êtes pas stupide si vous ne comprenez pas une étiquette. Les étiquettes sont parfois mal écrites, trop techniques, ou confuses. Ce n’est pas votre faute. Le système devrait être plus clair. Mais en attendant, vous avez le droit de demander. Un pharmacien n’est pas là juste pour vous vendre un médicament. Il est là pour vous expliquer. Posez des questions : « Qu’est-ce que ça fait exactement ? », « Qu’est-ce que je ne dois pas faire en même temps ? », « Que se passe-t-il si j’oublie une dose ? »

Il n’y a pas de question bête. Il n’y a que des médicaments mal pris.