Furazolidone vs alternatives : comparaison détaillée des traitements
Vous avez sans doute entendu parler du Furazolidone un antibiotique nitrofurane utilisé contre certaines infections gastro‑intestinales et parasitaires. Mais comment se positionne‑t‑il face aux autres molécules disponibles ? Cet article compare le Furazolidone avec les alternatives les plus courantes, en partant de l’efficacité jusqu’aux effets secondaires, pour que vous puissiez choisir le traitement le plus adapté à chaque situation.
Points clés
- Le Furazolidone agit sur un large spectre bactérien, mais son utilisation est restreinte à cause de la toxicité.
- Metronidazole et Tinidazole sont les alternatives de première ligne pour les infections à protozoaires.
- Ciprofloxacine, Doxycycline et Amoxicilline offrent des profils d’efficacité différents selon la bactérie ciblée.
- Le coût et la disponibilité influencent fortement le choix du traitement.
- Une bonne connaissance des effets secondaires évite les complications graves.
Qu’est‑ce que le Furazolidone ?
Le Furazolidone est un antibiotique de la classe des nitrofurannes, commercialisé initialement dans les années 1950. Il se présente sous forme de comprimés de 100 mg et agit en inhibant la synthèse de l’ADN bactérien. Son spectre couvre de nombreuses bactéries Gram‑positives, Gram‑negatives et quelques parasites comme Giardia lamblia. En France, son usage est limité à des situations où les alternatives sont contre‑indiquées ou résistantes.
Critères de comparaison essentiels
Lorsque l’on compare des antibiotiques, cinq critères ressortent :
- Efficacité clinique : capacité à éradiquer l’infection.
- Spectre d’activité : quelles bactéries ou parasites sont touchés.
- Posologie et durée : facilité d’observance du patient.
- Effets secondaires : risque de toxicité hépatique, neurologique, cutanée…
- Coût et disponibilité : prix moyen en pharmacie et couverture par les mutuelles.

Alternatives majeures
Voici les molécules les plus souvent proposées à la place du Furazolidone.
Metronidazole
Le Metronidazole est un nitroimidazole efficace contre les bactéries anaérobies et les protozoaires. Il est disponible en 250 mg et 500 mg. Indiqué pour la dysenterie amibienne, le Clostridium difficile et les infections gynécologiques. Les effets secondaires courants sont des nausées, un goût métallique et, rarement, une neuropathie périphérique.
Tinidazole
Le Tinidazole partage le même spectre que le Metronidazole mais possède une demi‑vie plus longue. Une prise unique de 2 g suffit souvent pour les infections parasitaires, ce qui améliore l’observance. Les effets indésirables sont similaires, avec un risque moindre de neuropathie.
Ciprofloxacine
La Ciprofloxacine est un fluoroquinolone à large spectre, active contre de nombreuses Gram‑negatives. Elle est privilégiée en cas de diarrhée du voyageur ou d’infections urinaires compliquées. Attention aux effets collatéraux sérieux : tendinite, lésions tendineuses et allongement de l’intervalle QT.
Doxycycline
La Doxycycline est une tétracycline à spectre large, souvent utilisée contre les rickettsies et certaines gastro‑entérites. Dosage habituel : 100 mg deux fois par jour pendant 7 à 14 jours. Les effets secondaires majeurs sont les photosensibilités et la perturbation du microbiote intestinal.
Amoxicilline
L'Amoxicilline est une pénicilline à spectre intermédiaire, efficace contre de nombreuses bactéries Gram‑positives. Souvent combinée avec le clavulanate pour élargir son spectre. Bien tolérée, mais le risque d’allergie cutanée reste présent chez 5 % des patients.
Tableau comparatif
Critère | Furazolidone | Metronidazole | Tinidazole | Ciprofloxacine | Doxycycline | Amoxicilline |
---|---|---|---|---|---|---|
Spectre d’activité | Gram‑+, Gram‑‑, certains protozoaires | Anaérobies, protozoaires | Protozoaires, anaérobies | Gram‑‑, some Gram‑+ | Gram‑+, atypiques, rickettsies | Gram‑+, certains Gram‑‑ |
Dose usuelle | 100 mg 3×/j, 7 jours | 250‑500 mg 3×/j, 5‑10 jours | 2 g single dose ou 500 mg 2×/j 3 jours | 500 mg 2×/j, 3‑7 jours | 100 mg 2×/j, 7‑14 jours | 500 mg 3×/j, 7‑10 jours |
Effets secondaires majeurs | Toxicité hépatique, neurologique | Nausées, neuropathie rare | Moins de neuropathie, nausées | Tendinite, photosensibilité | Photosensibilité, diarrhée | Allergie, diarrhée |
Coût moyen (€/boîte) | 2,50 € (100 mg × 21) | 4,80 € (500 mg × 20) | 12,00 € (2 g × 5) | 8,50 € (500 mg × 20) | 6,30 € (100 mg × 30) | 5,20 € (500 mg × 20) |
Contre‑indications | Insuffisance hépatique, grossesse | Première moitié de grossesse, alcoolisme | Grossesse avérée, maladie hépatique | Grossesse, troubles cardiaques | Enfants < 8 ans, grossesse | Allergie à la pénicilline |
Scénarios d’utilisation : quand choisir le Furazolidone ?
1. Infection à Shigella résistante aux quinolones : si les tests d’antibiogramme montrent une sensibilité uniquement au Furazolidone, il devient la dernière option viable.
2. Patient allergique aux bêta‑lactamines : le Furazolidone offre une alternative non‑bêta‑lactamique, à condition de surveiller les fonctions hépatiques.
3. Traitement de première ligne chez l’adulte en zone où le Metronidazole est rare : la disponibilité locale peut basculer la décision vers le Furazolidone, tout en respectant la durée maximale de 7 jours pour limiter la toxicité.

Risques et précautions à ne pas négliger
Le profil d’innocuité du Furazolidone est le principal frein à son usage. Des études cliniques réalisées dans les années 1990 ont montré une élévation des transaminases hépatiques chez 8 % des patients traités plus de deux semaines. De plus, des cas de neuropathie périphérique ont été documentés, surtout chez les patients âgés ou ceux avec une fonction rénale altérée.
En pratique, il faut :
- Contrôler les enzymes hépatiques avant le traitement et à J7‑J14.
- Éviter l’association avec l’alcool, qui augmente le risque de réactions de type disulfirame.
- Informer le patient de signes d’alerte : jaunisse, picotements, perte d’équilibre.
Guide de décision rapide (check‑list)
- Le germe est‑il sensible au Furazolidone ? (antibiogramme)
- Existe‑t‑il une contre‑indication (insuffisance hépatique, grossesse) ?
- Les alternatives (Metronidazole, Tinidazole, Ciprofloxacine) sont‑elles disponibles et bien tolérées ?
- Le coût est‑il un facteur limitant pour le patient ?
- Planifier un suivi des fonctions hépatiques et neurologiques pendant le traitement.
FAQ - Questions fréquentes
Le Furazolidone est‑il encore autorisé en Europe ?
Il est autorisé dans quelques pays d’Asie et d’Amérique du Sud, mais la plupart des États‑members de l’UE l’ont retiré du marché en raison de son risque hépatique. En France, on ne le trouve que sur prescription spécialisée.
Quelle durée de traitement est recommandée ?
Typiquement 7 jours à raison de 100 mg trois fois par jour. Prolonger au‑delà augmente le risque d’effets indésirables sans bénéfice supplémentaire.
Le Furazolidone interagit‑il avec d’autres médicaments ?
Oui : il potentialise la toxicité hépatique de l’acétaminophène et réduit l’efficacité de la warfarine. Toujours vérifier le traitement complet du patient.
Pourquoi le Metronidazole est‑il préféré dans les infections parasitaires ?
Il possède un spectre plus ciblé, une meilleure tolérance et une moindre hépatotoxicité. De plus, il bénéficie d’une longue histoire d’utilisation clinique et d’une bonne disponibilité.
Quelles sont les alternatives les plus sûres pour les femmes enceintes ?
Le Tinidazole (après le premier trimestre) et la Ceftriaxone sont généralement privilégiés. Le Furazolidone et le Metronidazole sont contre‑indiqués au premier trimestre.
Le coût du Furazolidone justifie‑t‑il son usage ?
En général non ; il reste moins cher que le Tinidazole mais les risques hépatique et neurologique peuvent engendrer des coûts supplémentaires en suivi médical.
En résumé, le Furazolidone reste une option valable dans des cas très ciblés, mais les alternatives modernes offrent souvent une meilleure tolérance et une plus grande souplesse thérapeutique. Un choix éclairé repose sur l’antibiogramme, les contre‑indications du patient et les contraintes économiques.
Marie Gunn
Quand on aborde le choix thérapeutique, il faut d’abord considérer le profil toxicologique. Le furazolidone, malgré son large spectre, présente un risque hépatique non négligeable. Les alternatives comme le métronidazole ou le tinidazole offrent une meilleure tolérance et sont plus accessibles en pratique courante. Ainsi, la prudence préconise de le réserver aux cas où les autres molécules sont contre‑indiquées.